L’intérêt du portage salarial pour les séniors

En France, près deux tiers des Français âgés de 60 à 64 ans n’ont pas de travail. De fait, le taux d’emploi des seniors, parmi les plus mauvais en Europe.

De nombreux travailleurs se retrouvent sans emploi à l’approche de leur retraite. L’économie française « ne parvient toujours pas à valoriser comme elle le devrait le potentiel des seniors »[1].Dès 50 ans, la probabilité d’embauche de salariés est faible : « plus de deux fois inférieure à celle des30-49 ans. Leur sortie du chômage est difficile : seulement un tiers des demandeurs d’emploi âgés retrouvent un emploi, contre plus de la moitié des demandeurs d’emploi de moins de 50 ans ». Certes, les cadres sont moins touchés que les ouvriers ou les employés, mais « l'âge reste souvent un facteur de discrimination »[2].D’ailleurs, « la population française vieillit sous l’effet conjugué de l’amélioration de l’espérance de vie et du vieillissement des générations du baby-boom. La proportion de personnes âgées de plus de 60ans devrait passer de 21 % en 2005à 27,3 % en 2020, celle des plus de 65 ans de 16,6% à 21%. En 2050, plus d’un tiers de la population aura plus de 60 ans »[3].Dans ce cadre, le recours au portage salarial apparaît comme une solution parallèle d’accès à l’emploi, « un tremplin »[4], permettant de réinsérer dans le tissu social un salarié qui détient une forte valeur ajoutée.

Les quinquagénaires sont des candidats typiques au portage salarial. L’action n° 22 du Plan national d’action concerté pour l’emploi des seniors 2006 - 2010 préconisait de développer « de nouvelles formes d’emploi qui apparaissent plus particulièrement adaptées à ces salariés »dans le dessein de « dynamiser le marché du travail pour les salariés en fin de carrière ».

Parmi ces nouvelles formes d’emploi figure le portage salarial. Il était inscrit dans le plan que « l’État propose qu’une convention État / Unédic / fédérations professionnelles du secteur permette d’ici fin 2006 de définir les bonnes pratiques à privilégier, ainsi que les droits ouverts aux personnes concernées. Il s’agit d’une démarche de nature expérimentale, préalable à la diffusion de ce type d’emplois en direction d’un public senior. La mise en œuvre de ces dispositions fera l’objet d’une évaluation ».

Si le taux d’emploi des seniors a nettement augmenté en France pour atteindre 41% chez les 55-69 ans en 2021, seuls 36% des Français de la tranche 60-64 ans sont en poste(contre 62% en Allemagne).

Le portage salarial permet assurément de « jeter une passerelle » au-dessus de ces carrières brisées[5],voire de tester des idées entrepreneuriales. Qui a dit que la « start-up nation » était une question d’âge ?

 [1]Conférence nationale sur l’emploi des seniors, plan national d’action concerté pour l’emploi des seniors
2006 - 2010 : Conseil économique et social, juin 2006, p. 2 etp.19.

[2]Conférence nationale sur l’emploi des seniors, plan national d’action concerté pour l’emploi des seniors
2006 - 2010

[3]Conférence nationale sur l’emploi des seniors, plan national d’action concerté pour l’emploi des seniors
2006 - 2010

[4]AN, question n° 111829 de M. Yvan Lachaud : JOAN, 21 juin. 2011, p. 6493. Réponse publiée au JOAN, 23 août 2011, p. 9253.

[5] P. Morvan, Eloge juridique et épistémologique du portage salarial : Dr. soc. 2007, p. 607

‍